Une trentaine d’étudiants a eu l’occasion de rencontrer Jérémy Redler, maire du 16ᵉ arrondissement de Paris. Une discussion sur son parcours, sa vision de l’engagement et les réalités — souvent méconnues — de la gestion locale dans la capitale.

Premier constat : il n’existe plus de voie royale pour entrer en politique.
L’époque où tout passait par Sciences Po et l’ENA est révolue. Aujourd’hui, les profils sont variés, les chemins multiples, et l’accès aux responsabilités moins verrouillé qu’il y a 20 ans. Le maire l’affirme sans détour : “Quand on a envie, on y arrive.” Pas besoin d’être expert en droit public ou diplômé d’une grande école : la volonté et la persévérance sont les véritables prérequis.
Jeremy Redler ne se destinait pas à la politique. Diplômé de Dauphine en marketing et stratégie, il débute chez L’Oréal — une “vraie école”, dit-il. Mais l’engagement arrive plus tard, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Depuis, son ascension est bâtie sur 18 ans de vie locale : conseiller municipal, adjoint, premier adjoint, puis maire du 16ᵉ arrondissement en 2023.
Un objectif fixé dix ans plus tôt, atteint après plusieurs tentatives infructueuses. “Je voulais devenir maire du 16ᵉ. J’ai échoué en 2017, 2020, 2022. J’ai réussi en 2023.” Sa philosophie : ne jamais abandonner. À ses yeux, tous ceux qui ont persévéré ont fini par trouver leur place — citant notamment Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu ou Aurore Bergé.
À Paris, un maire d’arrondissement n’a pas les mêmes pouvoirs qu’un maire de plein exercice. Le 16ᵉ est pourtant une “ville” de 170 000 habitants, plus grande que certaines préfectures françaises. Le maire dispose de compétences propres (crèches, cantines, animation locale), mais la majorité des sujets essentiels — urbanisme, voirie, propreté — dépend de la Ville de Paris, avec un simple avis consultatif.
Dans 95 % des cas, cet avis est suivi. Mais les 5 % restants peuvent donner lieu à de véritables “batailles”, comme celle du Trocadéro, rouvert grâce à l’intervention du Préfet de police contre la volonté de la mairie centrale.
Sa définition du rôle est la suivante : “Être le porte-parole des habitants et les défendre. Un maire d’arrondissement, c’est l’avocat de son territoire.”
Le maire dirige un cabinet de 10 à 12 personnes — minuscule au regard de la population du 16ᵉ.
Il recherche avant tout des collaborateurs :
Le maire insiste : un élu ne peut pas fonctionner seul. L’agenda, la gestion des urgences, la multiplicité des sujets nécessitent une équipe soudée: “Sans mon équipe, je ne pourrais rien faire.”
La journée type du maire ressemble à un marathon : réunions, cérémonies, actions de terrain, rencontres diplomatiques… jusqu’à tard le soir. Aux mails (800 à 1000 par jour) s’ajoutent les événements hebdomadaires et les imprévus.
Jérémy Redler valorise son ascension progressive : conseiller, adjoint, premier adjoint, puis maire.
Ce parcours lui donne une connaissance fine de chaque fonction et renforce sa légitimité auprès de son équipe et des habitants.
Sa méthode de management : accessibilité, écoute, décisions tranchées quand il le faut.
Pour celles et ceux qui veulent se lancer, le maire est clair :
Les listes municipales privilégient :
Paris offre un accès unique aux décideurs nationaux… mais aussi une concurrence féroce.
La rencontre s’est terminée par une visite de la mairie, guidée par Caroline, collaboratrice engagée de longue date. Une immersion dans l’histoire du lieu et dans l’organisation d’une institution qui vit au rythme du quartier.
Cette masterclass offre une plongée rare dans la réalité d’un élu local à Paris : un parcours construit sur la durée, un engagement total, et une conviction simple mais puissante : la politique est accessible à ceux qui s’engagent réellement et qui persévèrent.
Article rédigé par Sheina et Loïc, étudiants en Bachelor 2

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